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11.00  Églises à vendre ! Quel avenir pour les églises désaffectées ?

Contrairement à la croyance populaire, les réflexions menées dans les diocèses et les communes de France au sujet de la vente ou de la reconversion des églises ne sont pas un phénomène récent. Le nombre d’« édifices religieux excédentaires » – qui ont perdu leur vocation cultuelle ou qui se destinent à un nouvel usage – ne cesse en effet de croître depuis les années 1970, une décennie marquée par une tendance à la déchristianisation. Particulièrement touchées par ce phénomène, certaines églises catholiques font ainsi l’objet de modifications hasardeuses, voire de destructions, sans que leur importance au regard de l’histoire de la construction, de l’urbanisme ou de l’architecture soit prise en compte.  

Pourtant, cette politique d’action n’entraîne pas l’unanimité auprès des acteurs concernés. Certains pouvoirs publics et associations continuent en effet à défendre ce patrimoine, conscients de la valeur emblématique de ces édifices et des potentialités liées à leur mutation.  

Ainsi, la France compte quelques exemples de reconversion de lieux de culte que l’on peut qualifier d’exemplaires : parmi eux, la transformation de l’église Saint-Paul de Laxou en centre culturel – l’Espace Europe –, dont les qualités révèlent qu’au-delà des considérations esthétiques et constructives, la concertation des acteurs religieux, publics et privés constitue un facteur de succès significatif.  

À la lumière des récentes données statistiques publiées par l’Observatoire du patrimoine religieux, association non confessionnelle œuvrant au rayonnement et à la préservation du patrimoine cultuel, les édifices religieux français constitueraient un parc bâti de près de 100 000 constructions majoritairement de culte catholique (95 %). Parmi elles, plusieurs milliers seraient aujourd’hui menacées de détérioration, d’abandon, de vente, voire de démolition.  

Selon Béatrice de Andia, fondatrice de l’Observatoire, cette situation s’explique tout d’abord par le désengagement progressif des diocèses et des communes en charge de ces bâtiments, impuissants face à « l’affaiblissement des finances publiques et à l’endettement considérable de l’État et des collectivités locales ». Si depuis près d’un siècle et demi la politique nationale engagée en faveur de la préservation du patrimoine a permis de protéger au titre des Monuments historiques 15 500 lieux de culte, en activité ou désacralisés, « la masse […] est telle que nombre d’entre eux souffrent de crédits de restauration ou d’entretien insuffisants ».  

Pour les églises ne bénéficiant d’aucune reconnaissance institutionnelle, c’est le cas d’environ 85 000 édifices, les frais engagés pour tous les travaux de rénovation ou de restauration incombent uniquement aux propriétaires, qu’il s’agisse de biens communaux (dans le cas des édifices construits avant la Loi de séparation des Églises et de l’État de 1905) ou relevant du patrimoine paroissial (pour les églises édifiées après cette date). Pour les églises communales et dans l’hypothèse où des réparations sont indispensables pour laisser l’édifice ouvert au public, l’offre de concours, à savoir la participation financière de la communauté religieuse, peut être pratiquée. Le recours à des organismes de financement privés tels que la Fondation du patrimoine permet également à certaines communes de palier cette insuffisance budgétaire.  

Malgré de telles initiatives, la désaffection actuelle à l’égard des pratiques religieuses remet en question la vocation cultuelle de ces édifices. Conserver ? Détruire ? Reconvertir ? Quel avenir pour les églises désaffectées ?  

M’appuyant sur un corpus de sept églises construites en Lorraine – territoire d’exploration des recherches que je mène actuellement pour ma thèse de doctorat) –, reconverties ou qui se destinent à un nouvel usage, je propose de faire état du contexte économique, social, liturgique et architectural dans lequel se trouve aujourd’hui les diocèses ou les communes propriétaires de ces édifices. Je tenterai de démontrer que parmi les différentes solutions envisagées (vente, démolition, reconversion sans concertation), c’est à travers une démarche organisée sans a priori que semble se développer une autre facette de l'évolution du patrimoine religieux : celle de l’engagement des institutions et des citoyens à l’échelle locale.

Participant
Doctorante en Architecture (ENSA-Versailles), chercheur associé au LHAC (ENSA-Nancy)
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