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13.30  Diversité des acceptions patrimoniales et conflits lexicaux en Indonésie. Les mots du patrimoine dans les lois, les chartes et les projets architecturaux et urbains

Quoi:
Paper
Quand:
13:30, Samedi 4 Juin 2016 (30 minutes)
Où:
UQAM, pavillon J.-A. De Sève (DS) - DS-M260 - SALLE ANNULÉE
Comment:

Depuis une dizaine d’années en Indonésie, « patrimoine » culturel se dit de deux façons : « warisan » (héritage) ou « cagar budaya » (biens culturels) pour les institutions gouvernementales ; « pusaka » (trésor/bien ancestral ou royal) pour les communautés de groupe. Dès 2003, la plus grande association civile indonésienne proposa, en effet, une charte sur le patrimoine culturel indonésien (Piagam Pusaka Indonesia) dans laquelle le vocabulaire législatif indonésien était entièrement révisé et adapté aux notions locales et internationales liées au patrimoine. Néanmoins, ce renouvellement lexical fut rejeté par les institutions gouvernementales. La nouvelle loi de 2010 ne prit en compte aucune de ces propositions.  

Ce conflit public du vocabulaire lié au patrimoine implique de la part des associations civiles des revendications plus profondes qu’un simple renouvellement lexical. La principale porte sur la reconnaissance d’une des spécificités supposées du patrimoine culturel indonésien : la dimension holistique du rapport aux héritages. Le terme Pusaka, grâce à la dimension ancestrale et sacrée qu’il évoque, serait le terme le plus adapté aux acceptions et aux pratiques patrimoniales locales. En plus de ces notions, les revendications civiles, réitérées en 2013, portaient sur l’introduction de trois notions internationales encore absentes dans la loi indonésienne : patrimoine immatériel (pusaka takragawi), patrimoine paysager (pusaka saujana) et patrimoine urbain (kota pusaka).  

Néanmoins, malgré le rejet sans équivoque de ces propositions dans la nouvelle loi sur la protection du patrimoine, quelques mutations semblent visibles dans l’attitude du gouvernement depuis quelques années. Le Ministère des Travaux publics signa une nouvelle charte proposée par les associations pour la protection des villes historiques « Piagam Kota Pusaka Indonesia », à travers laquelle l’ancien vocabulaire officiel (warisan ou cagar budaya) était remplacé pour la première fois par pusaka. Le programme national d’aménagement et de préservation des « villes historiques » ou « Kota pusaka », lancé en 2008, suscite de réflexions et des débats qui contribuent à faire évoluer les notions et les pratiques du patrimoine.  

Cette présentation présentera l’évolution du vocabulaire du patrimoine étudié à partir d’un corpus de lois et de chartes promulguées entre les années 1931 à 2013, et des projets architecturaux et urbains. Nous nous concentrerons sur cette période charnière des dix dernières années, tout en identifiant les héritages institutionnels et politiques de la période coloniale et celle, de trente ans, du régime du président Suharto. Notre présentation interrogera les enjeux des conflits terminologiques, ainsi que la valeur heuristique de ces mots dans les projets patrimoniaux, en particulier les projets liés au patrimoine immatériel.

Participant.e
Centre national de la recherche scientifique, UMR AUSser Architecture, Urbanistique, Société, France
Directrice de recherche
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